« Lucky Strike, the most cinematographic cigarette brand in the world », David Lynch avait souri – je ne sais pas s’il avait compris ma phrase –, avait pris le paquet que je lui tendais et l’avait signé. Devant le Casino du Lido de Venise, la foule était en train de se disperser, en silence, de la même manière qu’elle s’était réunie, sans un bruit, autour du réalisateur. Il était passé dans la rue sans que personne ne se retourne, jusqu’à ce que quelqu’un dise, dans un murmure : « mais c’est David Lynch ». Alors tout le monde s’était rapproché. Lynch s’était arrêté sur une marche, devant le Casino. Quelqu’un avait sorti un morceau de papier et un stylo, puis tout le monde, chacun attendant son tour. Sans un mot. Muller, le directeur de la Mostra, était à côté et avait dit : « mais parlez-lui au moins ». Mais non, le silence. L’atmosphère était lynchienne, on aurait dit que c’était Lynch lui-même qui avait pris soin du sound design – on ne crée pas des œuvres d’art, on produit le monde.