Accueil Les règles du jeu Table des matières Incipit Qui ?

La photogénie du vent

Il n’y aura plus que du silence, après, quand la dernière page aura été écrite. Quand les clics de ce clavier s’arrêteront, il n’y aura plus que le silence, indistinct. Le silence d’Eugen, dont je n’ai plus aucune nouvelle, un silence gênant et encombrant qui crie toute mon impuissance. Tout ce qui s’est passé disparaîtra pour toujours. Et même ce qui est en train de se passer, ce qui se produit maintenant, cela aussi ne laissera aucune trace, comme le vent. Peppe me l’a dit : son plus grand espoir est d’être photogénique sous le néon de l’autopsie - car on n’est pas photogénique en mouvement, tout est flou, insaisissable. Pourtant, je le sens, le vent lui aussi est photogénique. - Quelqu’un a dû le dire un jour, je l’ai sans doute entendu quelque part, Antonioni peut-être, ou en tout cas un homme de cinéma, ces menteurs qui font passer leurs photogrammes pour du mouvement, leurs dessins pour la vraie vie. Je ne sais pas si cela est vrai, mais je voudrais que le vent soit photogénique.

texte précédent : Claquettes texte suivant : Il faut qu’on rentre