« Monsieur Marcello ? », le ton n’était pas celui d’Anita Ekberg, la prononciation non plus, les conséquences de cet appel n’avaient rien d’esthétique. Je tremblais sur l’île aux Cygnes quand j’entendis la voix d’Eugen, loin, de l’autre côté du téléphone, comme si elle émergeait d’un brouillard épais et angoissant. Eugen ne souhaitait pas me parler directement me disait la pharmacienne, juste me faire savoir qu’il était là. Mais pourquoi ? Il était dans un état confusionnel, continuait la pharmacienne, et ils venaient d’appeler une ambulance. « Je crois qu’il serait sage de l’hospitaliser en psychiatrie », la conclusion me semblait un peu hâtive, mais soit. Je n’avais pas d’alternatives car j’étais sur l’île aux Cygnes et qu’Eugen était à la gare de Florence. Le jour suivant j’étais dans un vol Easyjet Paris-Pise acheté pour 48 euros, puis dans un train Pise Aéroport-Florence – 5 euros environ – et finalement dans la voiture de mon père, médecin, qui m’aidérait à entrer en psychiatrie.