J’ai acheté le DVD de La Dolce Vita à Paris. C’était mon premier DVD. Je n’avais pas encore de lecteur mais qu’importe. À Paris depuis quelques jours, dans la ville du cinéma qui parle la langue du cinéma – moi, je ne la parlais pas encore, mais le vendeur de DVD ne m’avait rien demandé et avait écrit le montant que je lui devais en francs sur un morceau de papier –, on respirait la pellicule. C’était un petit magasin à côté du Panthéon – maintenant je crois qu’il y a un kebab, ou une banque. Quelques mois plus tard, j’avais eu un lecteur de DVD et avais regardé, pour la première fois, ce chef-d’œuvre italien sous-titré en français. J’avais aussi appris que le titre original du film est connu en France, et que la traduction – La douceur de vivre – n’est jamais utilisée. Car la dolce vita, c’est la dolce vita, même à Paris. C’était dans les scènes de ce film que je devais aller chercher mon identité – et lever la tête avec un sourire quand quelqu’un me criait « Marcello ! Come here ! ».