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La danse de l’écrivain

Nous avons besoin de comprendre pourquoi nous écrivons. Car, avouons-le, il n’y a aucune nécessité d’écrire. Nous ne sommes pas portés par un besoin préexistant : l’écriture produit sa propre raison d’exister. « Écrire, me dit @Lecritoire, n’est pas pondre quelque chose, c’est exercer son écriture, danser. » Je suis d’accord, c’est un geste qui affirme ses conditions de possibilité et sa raison d’être au moment même où il se produit. Mais le problème est de comprendre ce qui s’est passé avant l’écriture, et ce qui se passe après, lorsque le clavier n’est plus là et que l’ordinateur est éteint. Quand je n’étais pas encore là pour écrire, ou quand quelqu’un d’autre est en train de donner un sens à ce qui reste de mes mouvements. Que reste-t-il de la danse de l’écrivain ? Valéry avait probablement raison lorsqu’il disait que ce qu’il faut retenir d’une sculpture, ce sont les mouvements du sculpteur, sa danse, et que le marbre sculpté n’est qu’un résidu, un objet inutile, presque indécent.

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