Ces navigations sont peuplées de personnes, de rencontres. Chacune a laissé des traces, chacune a contribué à modeler cette histoire. Ces personnes, je devrais toutes les faire apparaître, comme des acteurs à la fin du spectacle, pour recevoir les applaudissements, ou bien pour dire que finalement non, tout cela n’est pas vrai, que leurs souvenirs ne correspondent pas aux miens. Chacun parlerait avec son accent, avec ses intonations, avec ses expressions préférées, chacun parlerait dans sa langue et on se retrouverait dans une Babel gaie et bruyante, où il ne serait pas nécessaire d’essayer de comprendre ce qui est dit, l’important étant de saisir le moment, comme s’il s’agissait d’un concert chargé de dissonances, et pourtant si émouvant. Je m’imagine là-dedans, j’arrive à reconnaître certains d’entre eux. Ils sont tous concentrés, chacun dans son monologue, et dans toute cette confusion, une fois que j’ai accepté qu’il n’y a rien à comprendre, j’arrive enfin à m’endormir, tranquille.