La dernière bicyclette d’Eugen avait rendu l’âme le matin même et il fallait la remplacer. La nuit, dans une ruelle, Eugen se rapprocha d’un joli vélo attaché - avec un cadenas qui ne semblait pas trop imposant - à un poteau. Eugen testa la tenue du cadenas et grogna, satisfait. Puis il sorti une petite scie et se mit à la besogne. Cela semblait plus dur que prévu. Les blasphèmes commencèrent tout doucement puis montèrent en volume. Quelques minutes après, Eugen était en train de gueuler comme un gorille en tirant le vélo par à-coups. La ruelle résonnait de ses cris et des vibrations saccadées du poteau. Dans ce boucan, un type se pencha par sa fenêtre en se frottant les yeux. « Qu’est-ce que tu fais ? Mais… c’est mon vélo ! » Suite à un coup plus violent, le cadenas céda. Eugen leva les yeux en montant sur la selle : « Tu ne vois pas, gros crétin ? Je suis en train de voler ton putain de vélo ! » Puis s’adressant à moi d’un air désemparé : « Faut tout leur expliquer à ces imbéciles. »