Nous avons passé de bons moments ensemble. En définitive, toutes les catastrophes qui l’entouraient n’empêchaient pas Eugen de bien s’amuser. Il y avait même du très bon vin qui circulait vers la fin. Ce n’était pas vraiment grâce à nos allocations de recherche - ni au salaire d’Eugen - mais plutôt parce que nos parents commençaient à nous voir comme des adultes et nous faisaient, par conséquent, des cadeaux d’adultes : du bon vin très souvent, ou - dans le cas de mon père - de l’excellente grappa. Nous nous sommes bien amusés tous ensemble. Nous avons pu disserter pendant de longues après-midis sur la différence entre le processus de production du champagne et celui du spumante, ou sur la qualité des vins toscans comparativement à ceux des Marches. Finalement, on ne peut pas dire qu’Eugen ait passé une mauvaise période avec nous. Certes, il n’y avait pas de projet, pas de futur, plus d’aspirations pour lui, juste quelques instants à saisir, sachant qu’ils pourraient être les derniers.