Il pleut à Paris. Assis sur la terrasse d’un café, à Odéon, j’en profite pour laver l’écran de mon ordinateur qui est toujours plein de poussière. Mais je n’aime pas la propreté. Finalement, ce voile opaque devant ce que je regarde me permet de mieux en distinguer les contours. Comme la fumée dans les salles de cinéma. Pourquoi a-t-on interdit la cigarette ? La fumée – paraît-il, car je n’ai jamais eu la chance de regarder un film dans ces conditions – rendait l’écran mystérieux, lui donnant de la réalité. Comme si la scène que l’on regardait était loin, dans un monde parallèle mais tout aussi réel. Une pellicule semi-transparente – dense de fumée – séparait le monde du public du monde de l’histoire. Et c’est grâce à cette séparation que le monde cinématographique pouvait être réel, ce n’est qu’à ces conditions qu’on pouvait le croire vrai. Aujourd’hui, l’éloge de la transparence, de la propreté et de l’hygiène nous contraint à arrêter de rêver. Tout est aplati, en une seule dimension.