Je ne supporte pas les films en 3D. Cela me paraît une abomination. Oui, parce que le cinéma a déjà trois dimensions : la troisième étant la salle qui est habilement intégrée dans le récit grâce au montage qui nous fait toujours penser que notre dimension est peut-être, en réalité, déjà engloutie par l’écran. Dans cette ambiguïté fine, le spectateur se trouve dans un interstice liminaire entre l’intérieur de l’histoire et son extérieur. On ne sait pas si l’on est dedans ou dehors – si notre place est diégétique ou extradiégétique. La 3D vient bousiller ce mécanisme subtil qui fait tout l’intérêt du cinéma. Avec des effets barbares et vulgaires, elle oublie le sens de l’espace et pense pouvoir substituer le jeu délicat de la construction d’un système de relations complexes, qui comprend l’histoire et le public, par une série de gadgets qui devraient émerveiller et ne font au final qu’ennuyer. Le fait d’être techniquement capable de faire des choses ne signifie pas qu’on doive les faire.