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Blasphèmes

L’italien offre des possibilités blasphématoires très larges par rapport au français. Le processus de sécularisation – qui n’a pas encore touché l’Italie, mais qui pourrait être déclenché par la démission du Pape, il n’est jamais trop tard – a dépourvu la langue française de toute prise polémique sur l’entité divine. On se sent désarmé et impuissant face à une disgrâce grave – ou considérée comme telle – car on ne peut pas en offenser le suprême responsable. Du point de vue du français, une analyse socio-politique du contexte actuel permettra de comprendre le problème - d’en identifier un responsable immanent - et de le corriger selon la bonne tradition de la République. Je ne maîtrise pas encore le québécois qui semble plus lucide dans sa façon d’envisager les rapports de cause à effet et comprend que le fait de s’adresser directement et polémiquement à Dieu est parfois la seule véritable possibilité d’exprimer son malheur. Dieu se laisse injurier plus facilement qu’un fonctionnaire.

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