« Ce harnais, je peux le mettre chef, mais si je tombe, je crève quand même ». En effet, faire une chute de vingt mètres d’un bâtiment en construction ne doit pas être très agréable, même si tu portes un harnais censé être accroché à des lignes de sécurité qui n’ont pas été installées par souci d’économie. Eugen était conscient du scénario qui se produirait dans l’éventualité de sa mort : le corps serait jeté quelque part et personne ne s’en serait aperçu. « Tu vois, ici je n’existe pas, je ne dois pas exister, donc je ne peux pas mourir ». Souvent je me demandais ce que j’aurais fait si un jour Eugen n’était pas rentré à la maison. Je ne connaissais même pas le nom de son patron – d’autant plus qu’il en changeait fréquemment. Il y a sans doute beaucoup trop d’accidents mortels à la sortie des boîtes de nuit, mais Eugen aurait peut-être préféré mourir de cette manière, un peu soûl et content d’avoir dansé, plutôt que transpirant et fatigué alors qu’il essayait de gagner quelques euros.