J’ai oublié ce que je voulais écrire dès que j’ai commencé à écrire. Ce moment magique du commencement est loin, a disparu, il n’est plus une cause, ni une raison. Pourtant, il y a quelque chose de neuf qui se produit maintenant, pendant que la température est élevée – beaucoup plus élevée qu’il y a quelques mois – et que l’on parle des langues chaudes autour de moi. Depuis une semaine, l’italien est redevenu ma langue principale, l’anglais la deuxième et le français juste une ombre téléphonique. H. n’est pas là et je ne pense plus en français. Mon écriture devient diaphane, transparente, elle ne saisit plus rien, elle flotte – elle ne surfe même pas, elle ne sait pas bouger, elle ne peut que rester à la surface d’une mer d’huile, sans vent, sans mouvement. Cette sensation n’est finalement pas si désagréable. Mais aujourd’hui je n’irai nulle part, rien ne se passera ici, vous n’en saurez pas plus des aventures d’Eugen – et moi non plus. Mais H. va revenir, et l’histoire va recommencer.