Une belle cravate ne suffit pas pour retrouver ce qu’on a perdu. Avant tout car parfois on ne sait même pas ce qu’on a perdu ni si on a perdu quelque chose. Fabrice gisait, allongé sur le canapé de Peppe, tellement étonné par le désordre qu’il ne pouvait même plus bouger. Sa main, qui pendait d’un côté et jouait avec les centaines d’objets qui trainaient par terre, en souleva un qui se trouvait sous le canapé. Il s’agissait d’un livre. « Mais c’est un livre de la bibliothèque de philosophie ! » Peppe avait pour habitude de voler des livres à la bibliothèque. On les reconnaissait car ils avaient la côte arrachée – pour ne pas les faire biper à la sortie. Fabrice manifesta son indignation contre cette pratique qui privait les autres de la possibilité d’accéder aux livres volés. Peppe objectait « Mais ce sont les séminaires de Lacan, ça n’intéresse personne au département. » « Si, moi ça m’intéresse ! Et ce matin je cherchais précisément ce livre ! » « Et bien justement, tu l’as trouvé. »