Il y a certaines choses auxquelles on aime croire. La magie par exemple. Ce qui fait coïncider les coïncidences. Nous en peuplons notre vie. Si H. ouvre la porte d’ici vingt secondes, mon livre va être lu par mille personnes. Je vais finir ce parcours dans quelques mois. Les dernières pages vont me sembler bien longues, et en même temps trop courtes. Comme lorsqu’on arrive à la fin d’un film qu’on est en train d’aimer et qu’on sait que le générique va arriver d’un moment à l’autre, mais qu’on espère qu’il dure encore un peu, encore une petite scène, pour revoir ce personnage, pour en savoir davantage, pour rester dans ce lieu encore quelques instants avant qu’il ne disparaisse à jamais. Je voudrais rester en mer, mais le temps est le souverain de mon écriture – il est le maître de ce monde qui paraît si libre et est au contraire si déterminé. J’ai encore un peu de temps pour jouer avec mes voiles, et puisque c’est une question de temps et pas d’espace, je vais peut-être envoyer le spi.