Quand j’étais petit, mon plus grand rêve était de construire un bateau à voile. J’avais travaillé longtemps pour en tracer les plans. Sur de grandes feuilles, je dessinais les différentes vues, les coupes et les élévations. J’essayais de décider les mesures, calculer la ligne de flottaison, la hauteur du mât, la taille des voiles, la position du gouvernail. Longtemps, j’ai discuté avec mes camarades des rôles que chacun aurait eus à bord et de la route qu’on aurait suivie lors du premier voyage. La lecture d’Emilio Salgari, un Corsaro nero de 1904 – la troisième édition, la première était de 1898 – que j’avais hérité de mon grand-père, me faisait rêver à la mer de Maracaibo, lieu où convergeaient hollandais, espagnols, italiens et français qui tous cherchaient vengeance et amour. Vingt ans plus tard, je suis passé de Salgari à Moitessier, de bateaux à construire à des bateaux de location et, surtout, j’ai pu regarder sur Google Maps où se trouve et à quoi ressemble la mer de Maracaibo.