Aux tables des cafés de Pise, on parlait philosophie et politique. Les journées étaient longues et l’on pouvait s’asseoir plusieurs fois pour boire des cafés. Au café Britannia – qui permettait de vérifier ce qui arrivait au Département, au café de l’Ussero – où Eugenio Montale avait écrit ses poèmes, au café Macci – car on ne pouvait pas résister à la tentation de dénigrer les étudiants en droit habillés comme des bourges, ou alors chez Salsa – pour être excentré et faire le snob. Selon un calcul rapide et approximatif, je me suis assis à la table d’un bar de Pise 600 fois par an pendant 6 ans, ce qui donne 3600 cafés. On peut arrondir à 0,75 euros le prix moyen d’un espresso à l’époque – au début c’était 1000 lires, mais à la fin 1 euro, et chez Salsa ça montait jusqu’à 2 ou 3. J’ai donc dépensé environ 2700 euros en cafés. Parfois, je me dis que ma vie serait différente – et bien plus pleine de sens – si j’avais vraiment compté ces cafés et que j’avais pu en donner le chiffre exact.