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Bons baisers de Pompéi

Le 24 août 79, l’explosion du Vésuve cristallisait en un photogramme de pierre un instant de la vie de Pompéi et de ses habitants. Figés à jamais, toujours en train, pour toujours, de faire, de penser, d’être la même chose. Il n’y a pas besoin de se souvenir de cet instant, car il est éternel, immuable. Pline le Jeune le savait quand il écrivait à Tacite que son oncle, mort lors d’un événement de ce type, s’assurait à jamais la pérennité. Pline le Jeune associait cette pérennité à la lave et à l’écriture. La lave qui avait transformé ces êtres en sculptures destinées à être la même chose tout au long des siècles, et l’écriture d’œuvres nombreuses et durables. L’écriture de Pline l’Ancien, mais aussi celle de Tacite qui aurait dû raconter à son tour l’histoire, et finalement la sienne, son écriture à lui, Pline le Jeune, qui racontait à son ami l’événement pour que sa propre écriture garantisse que la lave restera sèche, qu’elle ne sera pas à nouveau rendue fluide par un miracle obscur.

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