J’ai déjà tout prévu pour mes funérailles. J’ai donné mes volontés à Peppe – en espérant qu’il tienne quelques mois de plus que moi, ou quelques jours, ça suffirait – il faut vraiment que je l’oblige à arrêter de fumer. Pour mes funérailles, je veux que l’on joue une chanson de De Gregori. Elle n’est pas si belle que ça, mais elle résume bien – ou plutôt elle résumera bien – ma vie. La chanson s’intitule « Jazz » et parle de quelqu’un qui aurait pu faire du jazz mais qui finalement n’en a pas fait. J’aurais pu en effet. Peut-être pas très bien, je n’aurais pas été un brillant musicien, personne n’aurait remarqué mon passage sur la scène, certaines notes n’auraient probablement pas été les bonnes, et de temps en temps j’aurais eu du mal à déchiffrer le secret d’une mélodie, à trouver la bonne clé pour démasquer le sens d’une modulation et à diriger mes doigts sur la seule touche nécessaire. Mais j’aurais pu m’occuper de jazz – peut-être aurais-je voulu le faire – et je ne l’ai pas fait.