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Luciano Zagari

À la fin de ma vie, je voudrais rentrer dans une salle de cours avec une pile de livres entre les mains et la laisser tomber par terre, et je voudrais être grand et courbé comme Luciano Zagari, avoir sa voix et son regard si tranquille, si ironique et si profond qu’on parvenait à y voir des choses si lointaines, si tristes et si belles. À la fin de ma vie, je voudrais parler de Faust comme s’il était quelqu’un que j’ai moi-même été dans le temps, et je voudrais avoir transformé le cynisme en ironie et l’ironie en espoir. À la fin de ma vie, je voudrais parler du Roi Lear et du fait qu’il a trop tôt fait le bilan de sa vie, parce que ce bilan arrive au début du texte alors que l’on sait parfaitement que les bilans doivent se faire à la fin. Et de Siméon, et du Nunc dimittis. À la fin de ma vie, je voudrais qu’un étudiant de dix-huit ans puisse voir dans mes yeux la profondeur de ce que j’ai vécu, qu’il puisse, en plongeant ses yeux dans les miens, imaginer pour lui une vie merveilleuse.

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