À la fin de l’automne, il commence à faire froid dans le port de Livourne. Eugen dormait dans un cabanon délabré - quelqu’un m’a dit qu’il s’agissait d’un ancien hôpital psychiatrique, mais je n’ai pas pu vérifier cette information. En tout cas, il n’y avait surement pas de chauffage. Il est vrai que les hivers livournais n’ont pas grand chose à voir avec les hivers de Toronto, mais le froid se faisait sentir tout de même. Dormir avec quelqu’un était une excellente solution pour ne pas mourir de froid. Dans cette situation très précaire, Eugen avait trouvé une maîtresse. « Une bulgare » disait-il, avec un profond mépris évidemment. J’ai du mal à comprendre pourquoi cette bulgare se trouvait au port de Livourne et surtout à imaginer comment elle a pu tomber amoureuse d’Eugen. « Elle était vraiment conne… Elle me disait : “je t’aime !” et je ne pouvais pas la supporter. Donc je la rouais de coups… et plus je la frappais, plus elle me répétait : “je t’aime !” Elle était vraiment conne ! »