Le Canada est loin désormais : je retrouve ma vie parisienne, je me sens un peu chez moi. À la Chope du Château Rouge, je suis un habitué – même s’ils ne m’ont pas vu depuis un an. Je commande un café serré et de l’eau, ils oublient l’eau. Je me lève un peu triste, vais au comptoir et demande : « Un bicchiere d’acqua ! ». Le serveur me regarde étonné. Je répète plus lentement : « Un bic-chi-e-re d’ac-qua ! » « Désolé Monsieur, je comprends pas ». Je commence à m’énerver : « Un bicchiere d’acqua », puis je me rends compte que je suis en train de parler en italien. En effet, ici aussi, je ne suis pas chez moi. Je ne suis jamais chez moi, si ce n’est dans un bateau, au milieu de nulle part, où on peut faire un geste de la main pour dire bonjour à tout ceux que l’on croise, sans se préoccuper d’où ils viennent, de ce qu’il pensent et de la langue dans laquelle ils le pensent – car nous sommes ici des êtres seuls qui se rencontrent et puis c’est tout, c’est la seule chose qu’il faut savoir.