« Unable to mount 500 GB Filesystem ». Je regarde le disque dur externe, l’air interloqué, je le débranche, puis le rebranche. « Unable to mount 500 GB Filesystem ». Je passe dans la pièce à côté et change d’ordinateur : « Unable to mount 500 GB Filesystem ». Je change de système d’exploitation et commence à être inquiet : « Error mounting volume. Mounting volume failed ». Il est foutu. La perte de nos propres traces nous laisse confus, perplexes. On a beau tout sauvegarder sur deux, trois, quatre disques, il arrive qu’on perde des choses fondamentales. L’unicité des traces ne s’impose que dans ce moment de perte. Tout était multiple, rien ne possédait l’aura religieuse de la présence, il n’y avait rien à contempler, jusqu’au moment où un disque dur tombe en panne et que ce qu’il contenait – justement puisqu’il n’existe plus – affiche son unicité, son irremplaçabilité. Je n’ai aucune idée de ce qui pouvait être dans ce disque. Mais c’était sans doute ce que j’avais de plus important.