Depuis que je suis à Montréal, je ne retrouve plus ma souris rouge. C’était un cadeau d’une étudiante dont j’avais dirigé le mémoire de maîtrise. Il s’agissait d’un travail sur l’emploi de la couleur dans la publicité selon le genre du cœur de cible. Je ne me souviens plus des conclusions auxquelles elle arrivait, mais la souris que l’étudiante m’avait donnée était rouge, très rouge. C’était le premier mémoire que je dirigeais et j’avais trouvé l’idée de ce cadeau touchante. La souris rouge a été mon outil de navigation pendant sept ans. Tous mes déplacements, tous mes voyages se sont faits par elle. Elle a survécu à trois déménagements, une rupture, une dizaine de changements de travail, elle a traversé des documents LaTeX, des shell Linux, des retouches Gimp, des sites universitaires ou pornos. Sa perte est un événement tragique majeur de ces derniers mois et je n’en ai pas encore fait le deuil – peut-être ne le ferais-je jamais. Qui a dit que les objets techniques n’ont pas d’aura ?