Le téléphone a un rôle décidément marginal dans ma vie. Arrivé au Québec, je n’ai pas senti le besoin d’acheter un cellulaire, je suis très bien toute la journée devant mon ordinateur, et la communication asynchrone est plutôt synchrone dans mon cas. Cela me permet de percevoir le téléphone fixe comme un objet miraculeux, qui rend possible l’irruption soudaine dans ma vie de choses qui sont ailleurs. L’inattendu, c’est le téléphone. Le téléphone fixe, sans présentation du numéro - c’est ça que nous avons à la maison, H. et moi - voilà l’irruption du merveilleux dans le quotidien. Puisque personne ne m’appelle pour le travail - tout le monde sait que je réponds plus facilement aux courriels ou aux tweets - ou pour des raisons personnelles - ma mère m’appelle tous les jours, mais via Skype -, les appels téléphoniques, c’est toujours l’inconnu. C’est au téléphone que j’entendis à nouveau, l’année dernière, la voix d’Eugen, qui me disait : “tout va bien, enfin presque”. Et puis le silence.