Je connais d’avance la fin de l’histoire, voilà pourquoi je peux la raconter. Cela devrait être la base du récit : on écrit une fois que les évènements se sont produits et que tout est fini. D’habitude, on doit même attendre la mort du protagoniste. C’est encore mieux si l’on arrive à attendre sa propre mort, en différant le moment de la publication, pour créer un écart entre l’écriture et la publication. Pourtant, ce qui me permet d’écrire maintenant, c’est justement que je ne connais pas la fin de l’histoire et que j’espère qu’elle ne soit pas finie. Plus que ça : j’espère pouvoir la modifier en l’écrivant, comme si, avec une idée brillante, je pouvais tout faire changer, trouver une solution, sortir de l’écueil, éviter l’échec, contourner la catastrophe. Les protagonistes de cette histoire ne sont pas encore morts et le narrateur… bah, en ce qui me concerne j’ai l’impression de me porter assez bien – même si je fume, bois, mange trop gras et ne fais, surtout, absolument aucun sport.