Les plus grandes histoires d’amour se trouvent dans cet encart de journal où il est question de rencontres ratées. Voilà ce qu’est l’amour : un croisement de regards et une perte, définitive. Le grand amour, l’amour éternel, n’est que la perte de l’autre. C’est cette perte qui permet la fusion, la véritable fusion. Puisque l’autre n’est plus là, puisqu’il est perdu à jamais, nous pouvons enfin être une seule et même chose, pour toujours. Eugen et Alina I. ne se sont jamais plus revus. Après cette nuit il y a plus de dix ans à Hinova, après sa promesse – « à bientôt » – Eugen n’a fait que rêver d’elle, et du Canada. Puis, il l’a sans doute oubliée. Et c’est là que la littérature finit le travail : ici, dans ces quelques mots, cet amour devient éternel, le « pour toujours » de Faust – qui se consomme en une seconde – devient éternel. Et rien n’est plus littéraire que cet encart de journal où l’on raconte ces regards croisés, ces rencontres perdues, ces amours qu’on ne retrouvera jamais.