Je me réveille dans un endroit qui ne m’est pas familier. Je n’ai pas pu résister à la tentation du parfait cliché canadien : le chalet. C’est la période des couleurs et je peux me mettre à écrire devant la fenêtre, tout en regardant le lac et les arbres qui se reflètent dans l’eau. Un grand silence, personne autour, je suis isolé ici et peux me concentrer sur mon écriture. C’est pourtant un cliché dont je me moque souvent : la construction de l’individu et de l’auteur a besoin d’un chalet et d’un lac. L’écriture, en réalité, surgit dans le bruit de la foule, à la convergence de mille voix, dans un lieu où il est impossible de distinguer qui parle. L’écrivain est une tablette de cire où chacun peut laisser son empreinte - la solitude est un produit commercial. Devant ce beau tableau fait de rouges et d’oranges, de marrons et de verts, je ne suis plus personne - et je n’ai plus rien à dire. Heureusement, il y a une connexion Internet et je peux retrouver un peu de mouvement sur Twitter.