Bien évidemment, il n’y avait pas de travail en Italie, et surtout pas pour des immigrés. Cela dit, la soeur d’Eugen et son mari bénéficiaient d’un avantage fondamental par rapport à Eugen : ils n’étaient pas clandestins. Ils étaient venus avec un permis de tourisme et avaient le droit de rester sur le sol italien pendant trois mois. Cet avantage était aussi notre plus grand cauchemar : ils auraient pu rester. Il avait déjà fallu très longtemps pour qu’ils se rendent compte de la situation d’Eugen - au moins trois semaines. Le jour où ils étaient arrivés, Eugen avait dépensé deux mois de salaire pour préparer un déjeuner pantagruélique. Ils avaient mangé et bu dans l’appartement de Peppe jusqu’à en tomber par terre. Ils avaient recommencé à manger le soir, puis le matin suivant, et toute la journée, étourdis par cette richesse étonnante. Ils avaient fini par épuiser les ressources d’Eugen - qui avait donc commencé à emprunter à Peppe jusqu’à l’épuisement de la générosité de ce dernier.