La première fois que j’ai voyagé avec Eugen, c’était pour aller fêter le jour de l’an au sud de l’Italie chez des amis. Il avait pris le train et m’avait rejoint à Florence chez mes parents. Avec eux, Eugen s’était comporté comme un vrai gentilhomme - il avait même fait le baise-main à ma mère. Le matin suivant, nous étions partis avec devant nous huit cents kilomètres de route. J’avais alors une vieille Opel Corsa dont la plaque avant s’était détachée. Je l’avais remplacée par un carton sur lequel le numéro d’immatriculation était écrit au feutre noir. J’avais droit à cet arrangement car j’avais demandé une nouvelle plaque et attendais que celle-ci soit disponible. Mais cette situation angoissait profondément Eugen qui savait que cela aurait pu être une raison de se faire arrêter et contrôler. Et bien évidemment, si on lui avait demandé ses papiers, il aurait passé le jour de l’an en taule. Il prit donc une heure pour améliorer la qualité esthétique du carton. Personne ne nous arrêta.