Pour survivre, Eugen avait besoin d’un appartement. Il était très difficile pour lui de se faire supporter en colocation pendant plus d’un mois. Après quelques temps, ses bières, sa Xbox, ses œufs à quatre heures du matin, sa voix rauque et bruyante et, surtout, ses retards pour le loyer commençaient à trop déranger les autres habitants qui – forts du fait que le contrat n’était surement pas à son nom – le viraient. Peppe et moi avons très souvent reçu un appel lors duquel on nous disait : « Désolés, mais nous ne pouvons plus le garder. » Et notre recherche recommençait. Eugen passait à nouveau quelques jours chez Peppe puis chez moi, et, quand ce n’était plus possible, la recherche recommençait. Où trouver quelqu’un qui soit assez cool et assez naïf pour l’accepter comme nouveau colocataire ? Nous nous mettions à la chasse des appartements les plus bordéliques, habités par les étudiants les plus drogués, soûls et, si possible, joueurs de guitare, de batterie, de saxo ou fan de techno.