Une fois – plusieurs fois en réalité – j’ai perdu la bague de mon grand-père. Un jour – sans doute était-on en mai, fin mai pour être plus précis –, nous étions allés à la mer, le soir. Nous étions sur la plage en train de boire et de discuter. La nuit arrivait. Je jouais avec la bague que mon père m’avait donnée pour ma « maturità » – l’examen à la fin du lycée qui atteste de la « maturité », le passage à l’âge adulte. Une tradition : on l’avait donnée à mon grand-père qui l’avait donnée à mon père – il ne l’a jamais portée, va savoir pourquoi – qui me l’a donnée – je la porte encore. La bague était tombée dans le sable. Il faisait noir, nous avions couru sur la plage. Quand je m’en aperçus je savais qu’il était impossible de la retrouver. Un ami me rassura : « je vais la retrouver ». Il avança un peu au hasard dans le noir. Après une centaine de mètres, il me dit : « elle est ici, tu vas voir ». Sans regarder, il s’accroupit et mit sa main dans le sable, avec assurance. « La voilà. »