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Le cadre de ma fenêtre

Je suis content d’arriver au bout. Je suis content que le temps que je me suis alloué touche à sa fin, que les derniers grains de sable soient en train de tomber de la clepsydre. Si écrire est un geste, ce geste répété dans une organisation rigide telle que je l’ai moi-même conçue, c’est un sport, et - je l’ai déjà dit - je n’aime pas le sport. Pendant que j’écris, un beau couple passe sous ma fenêtre. Il a une planche de skate sous son bras, elle porte des sacs des courses - plusieurs - il lui en prend quelques-uns, elle rit, ils repartent et disparaissent. Le cadre de ma fenêtre m’offre des histoires bien délimitées. Le voisin d’en face sort sur le balcon, allume une cigarette, un autre type arrive avec deux verres, ils trinquent et rentrent à l’intérieur. Il y a aussi des histoires beaucoup plus courtes ou beaucoup plus longues. Une voiture qui passe - une seconde, une seconde et demi - ou un arbre qui perd ses feuilles, puis se charge de neige, remet ses feuilles pour les reperdre.

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