L’égarement d’objets était très courant dans l’appartement de Peppe. Mais toute chose perdue finissait par être retrouvée de façon spectaculaire. C’était la démonstration de l’inutilité de l’ordre et le triomphe du hasard, de l’harmonie du chaos. La carte SIM que j’avais prêtée à Peppe avait disparu. L’impression d’impuissance était grande : en regardant la table, il était évident qu’il serait impossible de trouver quoique ce soit : livres mélangés aux papiers de toutes sortes, vêtements, paquets de cigarettes, boîtes de médicaments, sachets, bouteilles, poubelles, tout était confondu. Pour manger, souvent, nous nous limitions à pencher la table pour faire tomber à terre quelques objets et avoir un peu de place. Eugen arriva pendant que je me plaignais de la perte de ma carte. « Je crois l’avoir vue dans le frigo. » Il ouvra le frigo et en sortit une assiette avec des biftecks périmés. Il souleva un bifteck et en détacha – d’un air tranquille – la carte SIM qui était collée en dessous.