À partir d’un indice on peut reconstruire des histoires. Par exemple : je retrouve dans un manteau que je ne porte plus le programme d’un festival qui a eu lieu il y a trois ans – presque quatre. Le programme est resté dans cette poche pendant que ces trois années passaient avec une personne rencontrée à ce festival. Ce jour-là, marqué sur le dépliant, a désormais un sens. Cet indice me permet de raconter mon histoire avec H. Il en est le fondement, le point de départ. Quand on n’a pas d’indices, il faut les construire, mais l’art du faussaire n’est pas facile à apprendre. Car le bon faussaire n’est pas seulement capable de produire un faux indice, il est aussi capable d’oublier qu’il s’agit d’un faux. Le bon faussaire croit que la fausseté qu’il construit n’est rien d’autre que la vérité. Cette croyance, ferme et déterminée, arrive à produire le miracle : le faux indice devient vraiment vrai. C’est le principe de la création du sens. C’est ce que nous faisons tous, plus ou moins bien.