« Le mal de mer, au début on a peur de mourir, ensuite on a peur de ne pas mourir », c’est, de mémoire, ce que dit le manuel des Glénans. Je suis assez rarement malade en mer, mais cela m’arrive – je crois d’ailleurs que cela arrive à tout le monde, même si certains veulent jouer au superhéros et ne le disent pas. Par exemple, quand on navigue pour la première fois depuis longtemps, la toute première sortie, il suffit d’un peu de houle pour être malade. Mais on sait que la terre n’est pas loin, et que l’on rentrera vite. On a juste le temps d’avoir peur de mourir. Mais quand le mal de mer arrive au large, quand on sait que la terre est loin, qu’il reste quelques jours avant de pouvoir la toucher, c’est là qu’on commence à se demander comment il sera possible de supporter la souffrance. La perspective de mourir semble bien plus alléchante. Puis, on s’y habitue, comme à n’importe quelle souffrance, et on n’a plus envie de mourir – et même l’envie de gerber disparaît presque complètement.