La Renaissance commence, paraît-il, le jour où l’on commence à lire les classiques comme des textes anciens. Le Moyen ge est caractérisé par le fait que les textes de l’Antiquité grecque et romaine - qui font autorité - ne sont pas pensés comme venant d’une autre époque : ils sont lus comme s’ils étaient contemporains. Au XVe siècle, l’approche philologique commence à apparaître : il faut prendre en compte le contexte historique de l’écriture car nous ne sommes plus anciens, nous appartenons à un autre temps. Tous les enjeux d’interprétation, de compréhension du contexte, de questionnement de la fiabilité, de l’authenticité, de la véridicité naissent à ce moment, c’est une invention du Rinascimento. En même temps, je ne suis pas sûr de l’utilité d’appliquer cette invention aujourd’hui. Et par ailleurs, les toscans n’ont jamais plus adopté cette perspective : ils se sentent encore plongés dans leur époque glorieuse et ne perçoivent aucune rupture entre la Renaissance et le XXIe siècle.