J’ai toujours associé l’anarchisme au vin rouge. Peut-être parce que j’aime les deux, peut-être à cause de la chanson de Fabrizio De André qui dit que l’anarchie est précieuse comme le vin et gratuite comme la tristesse. Peut-être, encore, à cause des funérailles d’un imprimeur anarchiste de Carrara sur le cercueil duquel on avait posé un grand verre de vin rouge pour trinquer à sa santé. Je ne sais pas si le vin anarchiste est de bonne qualité. Surement pas, d’ailleurs. C’est le vin des paysans toscans, le vin conservé dans des grosses bouteilles, parfois dans le frigo. C’est du vin qu’on boit parfois dans des gobelets en plastique mais toujours avec beaucoup de monde autour. Il est difficile de ne pas céder au cliché. Et puis les clichés sont rassurants, je ne vois pas pourquoi on devrait s’en passer. Ils sont rassurants et ils sont aussi - très souvent - la meilleure approximation de la vérité - s’il y a bien une vérité. Il faut alors boire du vin très rouge et être très anarchiste.