Je n’ai jamais cru en la vengeance, mais, parfois, elle semble être un devoir, une nécessité, pour rétablir un ordre qui a été détruit avec l’accord – ou même le concours – des institutions. Les vengeances d’Eugen avaient en plus le mérite d’être créatives. Il s’agissait toujours de petits sabotages qui pouvaient se révéler très gênants pour les destinataires. J’aurais voulu assister à la tentative de démarrage du camion milanais rempli de sucre, et avoir la possibilité de regarder le visage du type. A-t-il compris que c’était la Justice qui le punissait ? Et j’aurais aussi voulu assister à la découverte du liquide puant dans la radio de l’appartement du 3 via Sangallo. Quand Eugen fut viré de l’appartement – avec l’ensemble des chefs d’accusation qui le peignaient comme un barbare – il décida de vandaliser quelque chose pour que les italiens se souviennent de comment ils avaient traité ce roumain. Il passa un après midi à boire des bières et vida ensuite sa vessie dans la chaine hifi.