Peut-être que ce qu’il y a de plus précieux au monde, c’est la poésie. La capacité de raconter en produisant du sens. La réalité est tellement vide et décolorée si l’on n’est pas capable de la raconter. La neige que je vois de ma fenêtre ne serait-elle pas magnifique dans le plan d’un film ? Comme ces couleurs, le gris du ciel, le rouge-gris des briques des maisons montréalaises – ces maisons américaines, américaines ! Combien de fois en ai-je rêvé, et qu’elles deviennent nettes sur l’ordinateur, dès que j’en parle, mais qu’elles peuvent être fades vues de ma fenêtre pendant que je réponds à mes courriels. Voilà. Maintenant que je la décris, cette neige, qui s’accumule sur le balcon d’en face et qui fond un peu sur les côtés, a quelque chose de magique. Et je suis dans un lieu mystérieux, un continent loin et plein de promesses. On a beaucoup voyagé pour arriver ici, et les yeux d’Eugen faisaient partie des millions d’yeux qui brillaient à la pensée de pouvoir un jour voir cette neige.