Le 6 mars 1998 le parlement italien approuvait la loi n° 40, connue sous le nom de loi Turco-Napolitano. Le gouvernement était de gauche à l’époque, le président du conseil des ministres était Romano Prodi. La loi était un premier pas vers le durcissement de la politique contre l’immigration. Elle instituait, entre autres, les CPT, Centres de Permanence Temporaire, de véritables camps où les immigrés étaient déplacés avec des jets d’eau et traités comme des criminels. La loi était successivement modifiée, et ultérieurement durcie en 2002, par le gouvernement Berlusconi avec la loi Bossi-Fini. C’est en 2002 qu’Eugen eut l’excellente idée de passer clandestinement la frontière et de venir en Italie. Il venait de Roumanie, à pied pour la plupart du trajet. Sa destination rêvée était le Canada. Celui d’Eugen est un des échecs les plus éclatants que j’aie jamais connu. Et ce n’est pas seulement le sien, car je le considère aussi comme le mien et celui de la totalité de la société italienne.