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De la philosophie, de la vie et des cigarettes

« À quoi ça sert, la philosophie ? », on me l’a souvent demandé après mon inscription à l’Université. À rien, absolument à rien. Cela ne sert même pas à vivre mieux ou à avoir un esprit critique, ni à être plus heureux, plus cultivé, plus intelligent ou plus brillant. La philosophie ne sert à rien. À la limite, on pourrait dire de la littérature qu’elle sert à s’amuser, à se divertir, à passer un bon moment. La philosophie non, même pas ça – qu’on ne vienne pas me dire qu’on s’amuse à lire Heidegger, s’il vous plaît, ce n’est pas vrai. C’est pour cette raison que je l’aime : la philosophie est un peu comme la vie. C’est dur, difficile, triste, douloureux, et pourtant nous en voulons toujours plus. Ça ne sert à rien de vivre, c’est même nuisible – il était mieux de ne pas être né, c’était le refrain des tragédies – et ça ne sert à rien de philosopher, voilà pourquoi ces deux activités sont si importantes – la cigarette est peut-être la seule à avoir le même statut, ou, parfois, l’amour.

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