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Aquiloni

Le printemps peut rendre triste. Car il y a aujourd’hui quelque chose de nouveau dans le soleil, ou mieux, d’ancien : je vis ailleurs et sens qu’autour les violettes ont poussé. Il y a longtemps, dans une autre langue, ces mots me parlaient d’un printemps proche et joyeux – pourtant marqué par la mort. Parce qu’on enseigne aux enfants ces vers quand ils ne peuvent que les garder pour après, pour quand, loin, ils s’apercevront qu’il y avait déjà de la mort dans ces printemps apparemment insouciants. Les cerfs-volants – que ce mot ne me dit rien, quelle absence d’implication émotionnelle dans ce mot : gli aquiloni. Par ailleurs, pour rendre tout cela un peu moins macabre, en y pensant bien je n’ai jamais eu de cerf-volant et ces souvenirs de printemps enfantins ne sont pas les miens. Ce sont, peut-être, ceux de Pascoli – qui d’ailleurs doit les avoir créés expressément pour son (beau ?) poème qu’on fait apprendre aux enfants à l’école primaire. Pascoli, le poète du souvenir de l’enfance.

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