Cela vaut le coup de risquer d’être ridicule en remplissant ces quelques pages. Je dois bien l’admettre... Cela vaut vraiment le coup. Assis ici, à cette petite table verte sur mon balcon, avec en bande son les bruits de la rue montréalaise - qui sont si doux et ouatés comparés aux bruits parisiens de la Goutte d’Or auxquels j’étais habitué -, assis ici j’ai comme l’impression de réaliser un rêve. Comme quand on arrive à dépasser une honte, une insécurité, un malaise et qu’on déclare enfin : je t’aime, I love you. Cette phrase fait tourner la tête, mais elle nous rend heureux parce qu’elle transforme tout, le monde devient magique, et peu importe ce que l’autre personne va nous dire, comment elle va réagir, si elle voudra ou non de notre amour. L’enchantement, c’est nous qui l’avons créé, nous en sommes les démiurges, nous pouvons en profiter, respirer cet air inhabituel. Il ne va pas durer longtemps, mais, comme le disait Valéry à la fin de ses conférences, qu’est-ce qu’on s’en fout ?