Milan, c’est une ville que je connais mal et que je n’aime pas beaucoup – comme la plupart des villes du nord de l’Italie. La première fois que je m’en suis fait une idée, ce fut quand mon grand-père me donna un fume-cigarette en argent. Il s’agissait d’un objet désuet et curieux : on le dévissait et le couvercle était une espèce de monocle dans lequel on pouvait voir la cathédrale de Milan. J’avais sept ou huit ans. Adolescent, j’ai commencé à associer cette ville à l’édition – allez savoir pourquoi, peut-être avais-je vu son nom dans quelques colophons de livres que je lisais. Finalement, à partir de 1994, Milan a perdu à mes yeux tout intérêt et est devenue la ville des trois i, comme le voulait son feudataire : « Inglese, Internet, Impresa », « Anglais, Internet, Entreprise », les mots-clés d’une campagne politique triste qui arriva à porter le coup de grâce - comme si besoin était - à la culture italienne. Depuis, j’y suis allé quelques fois, sans jamais y prendre trop de plaisir.