Décidément, il faut être très optimiste pour entreprendre un voyage aussi long et difficile. Pour naviguer, il faut être optimiste ou irresponsable - ou peut-être les deux. Il paraît que, avant de commencer la construction de Chambord, François 1er aurait dit : “si l’on se préoccupait de l’achèvement des choses, on n’entreprendrait jamais rien“. Optimiste et irresponsable. On doit d’abord penser que tout ira bien et ensuite se dire que, si tout devait aller mal, cela ne serait pas très grave. Tout peut arriver, la mer est imprévisible : des tempêtes, des pannes, même la mort, mais qu’importe ? D’ailleurs, Eugen aussi était parti ainsi, avec l’enthousiasme et l’ardeur de celui qui ne peut pas se soucier de l’achèvement des choses car il est trop concentré sur ce qu’il est en train d’entreprendre, sur son élan primitif, spontané, naïf. Et puis finalement il s’agissait plus de courage que d’irresponsabilité, ou peut-être n’y a-t-il aucune différence entre l’irresponsabilité et le courage.