Toujours au café. Fouillant mes archives, je retrouve une autre photo d’Eugen. Nous sommes, Peppe, Eugen et moi, alignés en terrasse, un cendrier débordant de mégots, trois verres et un livre de Queneau à demi-ouvert devant nous. C’est – je reconnais les tables – le caffè dell’Ussero sur le Lungarno Pacinotti. Café historique de Pise où nous allions car c’était là que la vie intellectuelle pisane avait vécu ses meilleurs moments. Carlo Goldoni, Casanova, puis Montale avaient été des habitués de l’Ussero. Une autre caractéristique fondamentale rendait ce café intéressant : il était à côté d’un tabac. Il ne fallait même pas sortir car une porte menait du café à la boutique. C’était merveilleux pour Peppe qui n’a jamais de briquet pour allumer ses cigarettes. Il ne devait même pas en acheter un : il se levait, demandait au buraliste du feu, puis se rasseyait. La terrasse donne sur l’Arno. Dans la photo, je distingue les immeubles de l’autre côté du fleuve qui se reflètent dans les vitres.