C’est en Normandie que j’ai découvert la France – il y a longtemps. C’est au bord de la Seine – là où est née H. – que j’ai bégayé mes premiers mots dans cette langue qui continue d’être étrangère pour moi – quoique H. me la rende plus familière. C’est dans les rues où l’amour de Madame Bovary se déguise en une longue et magnifique ellipse que j’ai dit pour la première fois « merci » en roulant le r à l’italienne. Je regardais étonné, à côté de la cathédrale de Monet, un nouvel ami qui m’expliquait la différence de prononciation entre « faim » et « femme » et que le rapprochement de mes désirs n’était pas suffisant pour rapprocher les deux mots. Il m’a fallu des années ensuite pour comprendre qu’il y avait également une différence entre « vin » et « vent ». Je l’ai compris sur un bateau en Bretagne, lorsque j’ai réalisé que l’alcool était un excellent substitut de la brise car il aide à passer le temps en compagnie, sans se plaindre du fait que le bateau n’avance plus depuis longtemps.