Ces derniers jours, je n’arrive jamais à me rappeler de quoi j’ai rêvé. Chaque matin, ça m’échappe. Dès que je me lève, je suis immédiatement actif et n’ai pas le temps de profiter de ces instants flous, où l’on se trouve entre deux mondes et on ne sait lequel choisir. Le rêve se dissout, en l’espace d’un instant. Je suis coupé à jamais du sommeil et projeté dans la banalité de ma journée. Y a-t-il un truc pour mieux profiter de ses rêves ? Je voudrais une recette qui me permette de rester longtemps dans l’ambiguïté, dans l’hésitation. Parfois, j’aimerais passer une journée entière dans cet état – un état où nous pouvons croire que ce qui nous fait plaisir est vrai et que ce qui nous déplait va disparaître en quelques secondes. Puisque je n’ai pas ce truc, je vais aller me recoucher, pour faire une nouvelle tentative. Il faudrait une école qui apprenne à rêver – comme le personnage borgésien qui créait dans ses rêves un autre homme, ou comme Cidrolin sur sa péniche au bord de la Seine.