C’était ailleurs que la vraie vie d’Eugen se passait. Il le savait bien. Ce n’était pas ce train-train misérable de boulots non payés, de bières de mauvaise qualité, d’angoisses de clandestin et d’appartements squattés. C’était là-bas, auprès d’Alina I., au Canada. Là-bas où il voulait aller, où en réalité il était de toute son âme. Il nous racontait : « Une fois, le père d’Alina m’avait rencontré dans les rues de Toronto. Je croyais qu’il ne m’aimait pas. Mais il était venu vers moi, il m’avait reconnu. Il avait été très gentil avec moi. Il m’avait dit que je pouvais aller chez eux, qu’il m’aurait hébergé, le temps que je trouve quelque chose de mieux. Il m’avait aussi offert un travail. C’est vraiment dommage que ce n’était pas moi qu’il avait rencontré, mais un type qui me ressemblait beaucoup. C’était mon sosie. ». Ce type que le père d’Alina I. avait rencontré était en train de vivre la vie d’Eugen. Et le simple fait que ce type existe donnait au véritable Eugen beaucoup d’espoir.